/ Ils font le territoire
Une tuilerie nommée désir(é)
Désiré et Solange Sankara ressuscitent la tuilerie de Bezanleu, pour eux le lieu de tous les possibles.
Ce ne sont pas moins de 17 bâtiments inscrits au titre de monument historique qui constituent la tuilerie de Bezanleu.
Depuis plusieurs années, le couple s'emploie à restaurer ce fleuron de notre patrimoine industriel. La réfection complète des charpentes de la grande halle est déjà en cours. Un chantier colossal dans lequel ils se sont lancés à corps perdu.
Genèse
Cette ancienne manufacture, ils ne l'ont pas « rencontrée » par hasard. Désiré Sankara, sur la foi d'une petite annonce l'a pistée patiemment, pendant des mois, avant de pouvoir la situer sur une carte, dans ce petit hameau de Treuzy-Levelay. Après une journée de décembre rocambolesque pour se rendre en famille sur les lieux, Désiré et Solange feront la rencontre qui va changer leur vie. Celle de l'ancienne propriétaire, Dominique Nanty, qui n'hésita pas à casser la promesse faite à d'autres acheteurs pour la transmettre aux Sankara. Il y a des rencontres d'âme à âme qui changent une vie. Désiré Sankara musicien et conteur burkinabé la raconte bien, évoquant les signes du destin et la magie des lieux où souffle l'esprit. Passé le coup de foudre, il faut se lancer pour restaurer, rebâtir la manufacture en ruine et défricher le terrain. « Au début, on entendait la musique des tuiles qui tombaient. Il faut être un peu fou et surtout ne pas avoir peur de travailler, de se lever chaque jour à 5 heures du matin. Ce n'est pas pour soi et sa famille que l'on achète un endroit comme celui-là. On est des passeurs ! » confie aujourd'hui Désiré Sankara.
Ouverture au public et appel aux dons
Si la tuilerie a fermé, il y a environ 20 ans, le couple tient à ouvrir à nouveau le site au public. Des visites guidées, sur rendez-vous, débuteront dès mars. Dans un deuxième temps, Désiré Sankara veut coûte que coûte remettre en route la chaîne de fabrication, pour le folkore, certes, mais dans les règles de l'art. Un sacré challenge pour lequel il consulte des ingénieurs, compulse les écrits sur la tuilerie, et récolte les témoignages d'anciens ouvriers. Événements culturels, chambres d'hôtes, studio d'enregistrement, parcours dans les jardins, ou encore ouverture d'un café-concert, les projets foisonnent. Mais ils sont en partie conditionnés par l'avancée des travaux, très coûteux. Les Sankara ont pu compter sur une aide providentielle - 300 000 euros de dotation du Loto du Patrimoine - de la mission Stéphane Bern, que leur implication, leur ténacité et leur enthousiasme avaient su convaincre. « Il faut toujours se dire que tout est possible » martèle-t-il ! Mais il reste beaucoup à faire. Une campagne de financement participatif va donc être lancée en 2023, pour contribuer à redonner toute sa superbe à ce lieu hors du commun. « Nous espérons bénéficier de la visibilité offerte par le reportage qui sera diffusé très bientôt dans l'émission Grands reportages sur TF1, mais aussi convaincre les habitants des environs de nous suivre! » Si vous souhaitez participer, rendez-vous sur le site internet de la tuilerie, prochainement en ligne.
Des tommettes présidentielles
En activité depuis le XVIIe, la tuilerie a connu son apogée fin XIXe. Tuiles bourguignonnes, carrelages et briques étaient produits ici, à partir de l'argile extraite du terrain, et cuites dans les grands fours alimentés par le bois des terres attenantes. Un produit unique, 100% local et un savoir-faire dont la renommée était grande. Pour l'anecdote, François Mitterrand commanda spécialement à Bezanleu des tomettes pour orner le sol de son appartement de la rue de Bièvre à Paris.
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