/ Ils font le territoire
Macéo Capietto
Macéo Capietto est pilote. Pilote de course. À l'âge où la plupart des enfants jouent encore aux petites voitures, lui, mains sur le volant, tournait déjà sur les circuits. Une longueur d'avance, déjà. Karting, puis Formule 4, Formule 3 et désormais endurance, Macéo trace sa route. Après une saison 2024 très remarquée, ce jeune sportif soutenu par MSL vient à peine de fêter ses 19 ans et se prépare à se frotter pour la deuxième fois à une épreuve de légende : les 24 heures du Mans.
Chez les Capietto, la légende, on connait. Guillaume, le père, ingénieur automobile, aujourd'hui directeur technique de l'écurie italienne Prema a fait équipe avec les plus grands pilotes : Lewis Hamilton, Nico Hülkenberg, Charles Leclerc, ou Pierre Gasly. Un compagnonnage qui fait rêver – même les profanes – et des récits de courses qui ont bercé les jeunes années de Macéo. « Depuis tout petit, j’étais dans les voitures. Mon père m’emmenait à son travail, puis sur les circuits. Dès que j’ai eu l’âge, vers mes 4-5 ans, il m’a offert un premier karting de compétition. J’ai tout de suite accroché, j’en ai fait de plus en plus, et j'ai gravi les échelons ». À 14 ans, il finit sixième des championnats du monde. La même année, il se classe second du Trophée Académie où s'affrontent les meilleurs jeunes pilotes internationaux de kart. « Après, naturellement je suis passé à la Formule 4. C’était la marche suivante, logique en sport automobile. »
Pourtant confie-t-il, le passage du karting à la monoplace est techniquement et financièrement difficile. « C’est un sport qui est très couteux. La performance ne suffit pas. Il faut pouvoir boucler un budget pour monter », regrette-t-il. Après des débuts prometteurs, dès sa première année en F4, Macéo est en lice pour le titre au Championnat de France. Et c'est l'accident. Un accrochage dans la toute dernière course. Il sera troisième. « Ce jour-là, j’ai perdu gros, raconte le jeune sportif. J’étais alors soutenu par la Fédération française. Le soutien s’arrêtait si je ne remportais pas la victoire ».
VIRAGES
Mais le pilote sait s'adapter, et vite. À l’aide de partenaires locaux et grâce à ses équipes d'alors, l'Italienne Monolite en 2022, puis l'Irlandaise RPM en 2023, qui font l’effort, énorme précise-t-il, de le faire rouler avec un petit budget, Macéo se lance en Formule 3 européenne et affiche de belles performances. Mais, là encore, il faut savoir négocier les virages. Faute de budget suffisant, la F3 internationale lui échappe. « Cette saison, grâce à mes résultats de 2023, j’ai bifurqué vers l'endurance. Il y a là un avenir plus certain.» Et c'est payant. Coup sur coup, il décroche son ticket pour les 24 Heures du Mans et au volant de sa LMP2, voiture prototype équipé de moteurs de 600 chevaux, il remporte une course du Championnat d'Europe (LMS, Le Mans Series), à Mugello, en Toscane. « Après le premier relais, on était en sixième position. J’ai réussi à ramener la voiture en tête ». Une course très mouvementée au cours de laquelle tous les regards étaient braqués sur Capietto et ses coéquipiers de l'équipe Iron Lynx. Car en endurance, il dispute désormais des compétitions, en équipe avec deux autres jeunes pilotes. « Dans ce championnat, les courses durent 4 heures. Toutes les 40 minutes, on change les pneus au stand, on fait le ravitaillement d’essence et on change de pilote. »
IMOLA, MONZA, BARCELONE, LE CASTELLET...
Avant les courses et pendant l'hiver le jeune veneusien s'entraîne et fait des essais dans les plus prestigieuses arènes automobiles. Et, ce n’est pas toujours facile à concilier avec les études. Macéo prépare en parallèle un diplôme d'ingénieur automobile. Là encore, dans la roue de son père. « Tous les week-ends, quand je rentre j’essaye de pousser à fond pour faire un maximum de sport, pour me mettre en condition. Du gainage, des abdos, du vélo. En sport automobile, c’est surtout le cou, les épaules, le torse qui sont très sollicités, dans les virages rapides et sur les zones de freinage.» Il faut une bonne condition physique, un self-control à toute épreuve, et probablement une bonne dose d'instinct pour conduire un bolide lancé à plus de 300 kilomètres-heure. « 315 » précise-t-il.
« J'aime la vitesse bien sûr, confie-t-il. Mais, je dois avouer que j'aime tout dans ce sport. Il y a beaucoup de technique, ça se joue sur des petits détails. Et puis, si on est seul au volant, c'est pourtant un vrai sport d'équipe. Tous ensemble on travaille pour améliorer la voiture. En LMP2, elles sont identiques. Ce qui fait la différence, ce sont donc les réglages et les pilotes.» On est loin de l'univers extravagant de la Formule 1, où les montants investis dans les engins peuvent atteindre plusieurs centaines de millions de dollars, ce qui a en partie contribué à donner une image ultra élitiste du sport automobile. « C'est en train de changer », se réjouit Macéo Capietto. Sous l'influence de films qui ont cartonné au box-office (Le Mans 66, le plus réaliste selon Macéo) ou des séries hautement addictives comme Formula One, ou Senna qui misent sur l'humain et la dramaturgie des courses, le sport automobile s'est offert ces dernières années une cure de jouvence. Une exposition qui a un impact déterminant sur l'image de ce sport et qui contribue à le démocratiser. « C’est un peu dramatique par rapport à ce qui se passe réellement, mais ça attire un nouveau public et ça popularise notre sport. C’était très fermé. Le changement, on le voit au bord des pistes et jusque dans les écoles d’ingénieurs. La moitié des élèves qui s’inscrivent dans mon école espèrent devenir ingénieur en Formule 1, ou en sport automobile et ça c’est nouveau. »
En 2025, après la trêve hivernale, le rythme devrait s'accélérer pour Macéo. De six courses par an, il espère pouvoir en être aligné sur la grille de deux fois plus d'événements cette saison. Et bien évidemment on pourra le suivre, à la télévision ou sur le web, mi-juin sur la piste du Mans. La course se déroulera à guichets fermés ! Go Macéo
BIO EXPRESS
- 2006 : naissance à Montereau-Fault-Yonne
- 2020 : 2e aux championnats de France junior, 2e au FIA Karting Academy Trophy
- 2021 : 3e championnat de France F4
- 2023 : Podium en championnat d’Europe Formule régionale de (FRECA)
- 2024 : Première participation aux 24 heures du Mans, 1er aux 4 heures de Mugello, championnat d’Europe d'endurance.
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